Depuis ses origines, Luxeuil-les-Bains dispose de nombreux atouts pour développer un artisanat puis une industrie diversifiée et performante. La ville se situe aux pieds du massif des Vosges, riche en matières premières. Elle prend place au sein d’une région boisée et abondamment irriguée de nombreux cours d’eau, sources inépuisables d’énergie. Enfin, dès la période gallo-romaine, la cité s’établit au croisement d’importantes voies de communication, entre les régions. Avec un tel potentiel, rien d’étonnant à ce que Luxeuil devienne un pivot économique et industriel du Nord de la Franche-Comté.

Le Morbief, source d’énergie indispensable

Le développement préindustriel de Luxeuil débute dès le Moyen Âge avec les aménagements liés au Morbief. Le Morbief n’est pas un ruisseau naturel, mais un canal artificiel déviant l’eau du Breuchin. Sa construction débute en 1290 sur la décision de l’abbé Thibault de Faucogney, seigneur de la terre abbatiale de Luxeuil. En effet, depuis les fondations de saint Colomban à la fin du VIe siècle, Luxeuil et les terres environnantes appartenaient à l’abbaye, dirigée par un seigneur-abbé.

Le Morbief apporte l’eau de la rivière du Breuchin, située à l’extérieur de la ville, jusqu’à l’abbaye.
Son nom fait référence à cette fonction, « mor » signifiant une pente douce et « bief » un canal d’irrigation. Quelques années plus tard, l’étang de la Poche complète le canal. Réserve d’eau indispensable pour le bon fonctionnement des moulins établis en aval, c’était aussi un vivier fournissant du poisson. C’est aujourd’hui un écrin de verdure et de calme en plein cœur de ville, propice aux promenades et apprécié des luxoviens !

Le Morbief au niveau de la rue des lavoirs

Dès le XIVe siècle, profitant de cette nouvelle source d’énergie hydraulique, des moulins sont installés le long du Morbief. Dans la ville, la force de l’eau permet aussi d’actionner des meules pour l’entretien des outils. En amont, l’eau apportée par le Morbief permet la construction de lavoirs aux pieds de l’abbaye. Enfin, des tanneries s’implantent en aval du canal, en raison des odeurs nauséabondes et de la pollution de l’eau qu’entraîne cette activité. Malgré ces désagréments, la tannerie connaît un fort développement au cours du XVIIIe siècle, comptant jusqu’à 12 établissements sous le Premier Empire.

Un patrimoine industriel important et tourné vers l’avenir

Avec la Révolution industrielle, le XIXe siècle voit une accélération de l’industrialisation de l’économie luxovienne. Les activités en lien avec le textile prennent une importance grandissante. C’est par exemple le cas de la Filature de Luxeuil, créée à proximité de l’étang de la Poche vers 1883. Devenue Société Depreux, cette filature de coton se transforme au début du XXe siècle pour s’adapter aux nouveaux besoins de l’industrie. Produisant courroies de transmission et bandes transporteuses, l’entreprise fournit les sites d’extraction minière de l’est de la France, en plein essor dans la première moitié du siècle. Depuis le début du XXIe siècle, la Société Depreux fait partie du groupe international COBRA. Le site de Luxeuil se spécialise aujourd’hui dans la production de bandes transporteuses à destination des carrières, tunnels et sites de l’industrie lourde. C’est l’un des principaux fournisseurs des marchés allemand, chinois, australien et de plusieurs pays d’Europe centrale et orientale.

La Filature de Luxeuil, devenue Établissements Depreux
L’entreprise COBRA, héritière des Établissements Depreux

Avec des mines à quelques kilomètres fournissant du minerai, d’abondantes forêts pourvoyant du bois comme combustible, et la force de l’eau du Morbief, rien d’étonnant à ce que Luxeuil voit se développer l’art des fonderies sur son territoire. La fabrication de pièces pour les filatures et de turbines pour les usines fournit en outre d’importants débouchés. Les frères Goulut fondent la première grande fonderie luxovienne en 1838. Elle devient plus tard la Société Goulut-Borne et diversifie ses activités, dans la fabrication de turbines hydrauliques et d’appareillages électriques.
Si la Société Goulut-Borne a depuis fermé ses portes, l’activité de la fonte se poursuit encore aujourd’hui à Luxeuil-les-Bains. En effet, les fonderies de Luxeuil, de Saint-Sauveur et de Froideconche perpétuent cette tradition. À Luxeuil-les-Bains, des clous en bronze arborant le soleil, symbole de la ville, matérialisent les étapes du sentier du patrimoine. Ces soleils sont l’œuvre de la Fonderie Bronze et Art Lambert.