Jules Adler, peintre naturaliste, est né en 1865 à Luxeuil-les-Bains. Très tôt, il développe des prédispositions pour le dessin. Remarqué par un de ses professeurs, il entame des études à Paris accompagné par sa famille. Il réussit le concours de professeur de dessin. Après s’être présenté par deux fois au prix de Rome, il se fait remarquer et rencontre le succès en tant qu’artiste.
Jules Adler : le peintre du peuple
Très tôt, Jules Adler s’intéresse aux « petites gens ». En effet, les ouvriers, les mineurs, les paysans et les marins, les enfants et les vieillards sont souvent représentés. Ses représentations des figures des mondes ouvrier et rural dans leur vie quotidienne lui valent un accueil élogieux. On l’appelle « peintre des humbles ». Appartenant à la seconde génération des naturalistes, dans la lignée des peintres de la réalité initiée par Gustave Courbet (1819-1877), il est un grand admirateur d’Emile Zola (1840-1902) dont il partage les valeurs. Elles le pousseront à s’engager politiquement dans la défense du capitaine Dreyfus et à accueillir les dreyfusards dans son atelier.
Un artiste pendant la guerre
Les guerres mondiales ont marqué Jules Adler. La Grande Guerre et sa violence sont omniprésentes dans les dessins qu’il réalise à cette époque. Par la suite, la Seconde Guerre mondiale et son antisémitisme lui interdisent d’exposer sous le régime de Vichy. Issu d’une famille juive, il finira par subir une dénonciation en 1944 et sera arrêté et interné avec sa femme à l’hospice Rothschild. Ils ne seront jamais déportés. Pendant cette période, il dessinera sur des feuillets les visages des autres internés qui l’entourent.
Jules Adler et le judaïsme
Son appartenance au judaïsme a toujours été revendiquée et sa religion se retrouve dans ses engagements politiques. Cependant, Jules Adler ne traite pas directement de cette thématique dans ses tableaux. Néanmoins, sa judéité se retrouve dans sa perception du monde et la représentation qu’il nous livre. De plus, certaines de ses œuvres sont présentes aux côtés de celles d’artistes juifs et sionistes et dans des expositions à thématiques juives. En 2019, le judaïsme dans son œuvre lui vaudra une exposition au musée d’art et d’histoire du Judaïsme.
Un peintre luxovien
L’artiste gardera un attachement fort avec la ville de Luxeuil. En 1933, l’ouverture du musée Jules Adler à Luxeuil (place de la Baille) scelle ce lien. Entre 1940 et 1945, il interviendra au sein des thermes pour réaliser un ensemble décoratif de six grandes toiles. Celles-ci rendent hommage à la déesse grecque Hygie et aux femmes. Cinq d’entre elles sont encore visibles.