Le monastère de Luxeuil naît de la volonté de saint Colomban, à la fin du VIe siècle. Accompagné de douze compagnons, ce moine irlandais installe sa communauté au pied des Vosges, où il fonde trois abbayes : Annegray, Luxeuil et Fontaine. Malgré le départ de Colomban en 610, la jeune communauté connaît un impressionnant développement sous les abbatiats de ses successeurs.

L’une des plus puissantes abbayes d’Occident

Bien qu’aucun bâtiment du monastère primitif ne nous soit parvenu, les sources de l’époque s’accordent toutes pour faire de Luxeuil l’une des plus riches et influentes abbayes du haut Moyen Âge. Au VIIe siècle, sous les abbatiats des saints Eustaise et Valbert, l’abbaye Saint-Colomban connaît son âge d’or. Véritable pôle spirituel, intellectuel, politique et économique, elle bénéficie du soutien du pouvoir mérovingien, dont elle reçoit privilèges et dons de terres. En retour, elle participe activement à la formation de ses élites et à l’encadrement religieux et administratif du royaume franc. En effet, Luxeuil forme de nombreux religieux, futurs abbés et évêques, destinés à fonder de nouveaux monastères et propager son influence dans tout le royaume. À partir de l’abbatiat de saint Valbert, l’abbaye luxovienne abandonne la règle de Colomban pour celle de saint Benoît et participe à sa diffusion.

L’abbaye de Luxeuil rayonne tout particulièrement comme l’un des pôles intellectuels du monde franc. Son scriptorium, où sont copiés et enluminés à la main de nombreux ouvrages, principalement religieux, est reconnu et réputé. C’est entre ses murs que sont rédigés de précieux parchemins dans une écriture unique : l’écriture de Luxeuil. Dérivée de la cursive romaine et de l’écriture diplomatique mérovingienne, elle est utilisée du VIIe au début du VIIIe siècle.

Animation scriptorium lors des Journée du patrimoine à Luxeuil-les-Bains

Dès les origines, l’abbé de Luxeuil n’est pas seulement le chef de sa communauté, il est aussi un seigneur. L’abbaye possède des terres, y lève des taxes, rend la justice et bénéficie de privilèges royaux. De plus, depuis saint Valbert, Luxeuil obtient une distinction rare : elle relève uniquement de l’autorité du pape. Pourtant, l’abbaye connaît une première phase de déclin à partir du IXe siècle. Les appétits des grands seigneurs, les conflits avec les autorités civiles de Luxeuil et la nomination d’abbés commendataires, peu soucieux de la discipline intérieure, diminuent progressivement sa puissance politique et son rayonnement spirituel.

Une abbaye en constante transformation

Après une phase de déclin, l’abbaye de Luxeuil connaît un nouveau souffle qui va profondément transformer son organisation et son aspect. La basilique Saint-Pierre-et-Saint-Paul et le cloître sont les seuls bâtiments témoignant encore de l’abbaye médiévale. Le palais abbatial, résidence des abbés et actuelle mairie de Luxeuil-les-Bains, est quant à lui élevé dans la deuxième moitié du XVIe siècle. Les autres constructions du monastère, les bâtiments conventuels, sont entièrement reconstruits aux XVIIe et XVIIIe siècles. 

Cette grande entreprise de reconstruction naît de l’impulsion de la congrégation de Saint-Vanne. Ce mouvement religieux cherche à revivifier les monastères en réaffirmant la règle bénédictine et en menant de grands travaux. C’est ainsi qu’est reconstruite en l’espace d’un siècle la quasi-totalité de l’abbaye de Luxeuil. Les derniers grands travaux concernent la modernisation du palais abbatial dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

En juillet 1789, l’abbaye est envahie et pillée par les révolutionnaires luxoviens. En 1792, les ordres monastiques sont dissous et les derniers moines quittent définitivement les lieux, qui sont vendus comme biens nationaux. L’église abbatiale devient paroissiale, l’hôtel de ville est transféré dans le palais abbatial et le cloître devient un marché. Les bâtiments conventuels sont réquisitionnés pour servir d’hôpital militaire.

En 1812, Napoléon Ier décide d’instituer un petit séminaire dans chaque département. Luxeuil est choisi pour accueillir celui de la Haute-Saône. Après une première installation dans la bibliothèque, l’ancien grenier des moines est reconverti en chapelle pour les séminaristes. Ravagée par un incendie en 1880, elle est reconstruite dans un style néo-Renaissance et est désormais classée aux monuments historiques. L’abbaye Saint-Colomban a aujourd’hui retrouvé son rôle originel de pôle d’éducation et de spiritualité, puisqu’elle accueille depuis 1976 un collège privé et un centre pastoral.

Infos pratiques

Découvrez l’histoire de l’abbaye lors des visites guidées patrimoniales organisées par l’Office de Tourisme et des visites guidées spirituelles organisées par l’abbaye. Visites pour les groupes sur demande, par l’association de l’abbaye (renseignements au 03 84 40 13 38). Accueil (hébergement et repas) pour groupes, séminaires, stages (à la demande). Expositions durant l’année. Ouverture lors des Journées européennes du patrimoine.