La Maison dite « espagnole » est construite entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle. Contrairement à ce que son nom peut laisser croire, cette demeure n’a rien d’ibérique dans son architecture. En réalité, elle témoigne d’une époque où Luxeuil et la Franche-Comté ne relevaient pas de l’autorité du roi de France… mais de la couronne d’Espagne.
Lors de la construction de la maison, le Comté de Bourgogne, ancien nom de la Franche-Comté, devient une possession du roi d’Espagne et empereur germanique Charles Quint, héritier des ducs de Bourgogne. Dès lors, et jusqu’au rattachement de la région à la France en 1678, Luxeuil vit à l’heure espagnole. Ainsi, la couronne d’Espagne est représentée par un officier, et une garnison protège la ville. D’après la tradition, c’est dans cette demeure que siégeaient les derniers commandants de la garnison espagnole.
Du gothique au temps de la Renaissance
À une époque où l’architecture de la Renaissance commence à se développer, la Maison espagnole témoigne encore du style gothique. En Franche-Comté, son influence reste encore prégnante dans l’architecture, bien au-delà de la fin du Moyen Âge.
La maison présente une façade de style gothique flamboyant. Les trois niveaux s’ouvrent par des fenêtres à meneau, surmontées d’arcs en accolade, de même que la porte d’entrée de bois sur la droite. L’accès à ses boiseries sculptées, témoignant des prémices de la Renaissance, se fait par un escalier aux garde-corps de pierre. Sur la gauche de la façade, une entrée à triple ressaut sise à la base de l’édifice permettait de pénétrer dans le cellier.
Plusieurs détails sculptés viennent agrémenter la façade. À l’angle droit, une niche en pierre abritait autrefois la statuette d’un saint. Au-dessus de celle-ci se détache une tête pour le moins énigmatique. Enfin, l’ensemble est complété sur la gauche par un banc de pierre, dont les accoudoirs présentent des visages aux traits grotesques, autre apport discret de la Renaissance.
La façade et la toiture de cette maison toujours habitée sont aujourd’hui classées aux monuments historiques.