Fait méconnu, parfois des habitants eux-mêmes, Luxeuil-les-Bains doit beaucoup à l’action de Napoléon III. L’empereur s’est en effet personnellement investi pour la protection et la restauration de plusieurs monuments luxoviens. Une intervention qui survient à la suite de sa visite de Luxeuil en compagnie de son épouse, l’impératrice Eugénie, en 1856.

Napoléon III et les thermes de Luxeuil-les-Bains

La visite du couple impérial n’est pas le fruit du hasard. Quelques années plus tôt, la municipalité de Luxeuil, propriétaire de l’établissement thermal, cherche un repreneur pour en mener les travaux de rénovation. Essuyant un premier refus de l’État, la ville se tourne vers sa baigneuse la plus célèbre, et la plus influente. Il s’agit de la princesse Mathilde Bonaparte, cousine de l’empereur, qui parvient à convaincre celui-ci de l’intérêt de la transaction. Conscient de l’importance grandissante du thermalisme au niveau international, Napoléon III a à cœur de développer une station thermale comme Luxeuil. En 1853, l’État devient donc propriétaire de l’établissement luxovien, qui connaît une importante campagne de rénovation et de modernisation.

C’est dans ce contexte qu’intervient la visite impériale en 1856. Napoléon III s’enquiert de l’avancée des travaux des thermes, dont un « bain de l’empereur » est ainsi nommé en son honneur. C’est aussi l’occasion pour le couple de visiter la ville au gré de ses monuments. Napoléon III est en effet l’un des premiers dirigeants français à s’investir dans la sauvegarde du patrimoine, notion alors balbutiante.

Vue des bains ferrugineux, aménagés sous le Second Empire

Napoléon III et le patrimoine luxovien

Longeant la rue principale, l’empereur s’arrête devant la Maison François Ier, grande demeure du XVIe siècle, dont la façade est un chef-d’œuvre de l’architecture Renaissance. Apprenant sa disparition programmée dans le cadre de travaux de rénovation urbaine, il en interdit la destruction. Au contraire, il ordonne que soient prises les dispositions nécessaires à sa préservation.

Le couple impérial visite ensuite l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, ancienne abbatiale, vestige de l’abbaye médiévale. Sensibilisé à son mauvais état de conservation par le curé de la paroisse, Napoléon III promet d’y remédier. Promesse tenue puisqu’il accorde de généreuses subventions pour sa restauration, et délègue le fameux architecte Eugène Viollet-le-Duc pour la conduire.

Suivant les plans de Viollet-le-Duc, l’abside est entièrement reconstruite dans les années qui suivent. Il dirige également la réalisation des 51 médaillons des vitraux du chevet, et dessine le maître-autel en bronze ciselé, toujours visible au fond de l’abside.

Eugénie et la dentelle de Luxeuil

Luxeuil conserve également le souvenir de l’épouse du souverain, Eugénie. Lors de la visite de 1856, les autorités municipales offrent à l’impératrice une ombrelle en dentelle de Luxeuil finement brodée. À croire que les luxoviens sont d’excellents communicants, puisque le cadeau plaît énormément à l’intéressée… mais aussi aux dames de la cour ! C’est le lancement d’une véritable mode de la dentelle de Luxeuil, que ces dames de la haute société pourront acheter dans les grands magasins parisiens et dans les maisons de haute couture. Cette notoriété relance la confection de dentelle et ce sont près de 2 000 dentelières qui œuvreront chaque jour à Luxeuil-les-Bains et dans les villages alentour pour approvisionner ces grands magasins. Découvrez ce savoir-faire ancestral au sein du conservatoire de la dentelle de Luxeuil.