L’histoire de Luxeuil est indissociable de celle de saint Colomban, moine irlandais et fondateur au VIème siècle des monastères d’Annegray, Fontaine-lès-Luxeuil et bien sûr Luxeuil-les-Bains. Depuis près de 1500 ans, son abbaye se dresse au cœur de la ville, à la fois centre spirituel, intellectuel et politique.
L’histoire de saint Colomban
Colomban est né dans la région du Leinster, dans le sud-est de l’Irlande. Il accomplit sa formation au monastère de Bangor puis prend la tête d’un groupe d’une douzaine de missionnaires. Dans la droite ligne de la tradition irlandaise, leur but est de répandre la foi chrétienne sur le continent. Débarqués à Saint-Coulomb, près de Saint-Malo, les compagnons commencent leurs pérégrinations à travers les royaumes francs.
Vers 590, Colomban reçoit l’autorisation de fonder un monastère sur les terres du roi Childebert II, roi d’Austrasie et de Bourgogne. C’est à Annegray, au pied des Vosges, que les missionnaires installent leur communauté. Le nombre croissant de nouveaux moines entraîne la construction d’un nouveau monastère : ce sera près de l’antique cité gallo-romaine de Luxovium. Ainsi, vers 595, Colomban fonde l’abbaye de Luxeuil. Suivra peu de temps après une troisième communauté à proximité, à Fontaine.
En mauvais termes avec les autorités royale et religieuse franques, Colomban est chassé de Luxeuil en 610. Avec ses compagnons irlandais, il reprend ses pérégrinations à travers l’Europe, passant par l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche. Arrivé dans le nord de l’Italie, Colomban fonde un dernier monastère à Bobbio en 614, entre Gênes et Plaisance. En 615, il s’éteint dans un ermitage de la montagne de Bobbio. Son corps est placé dans l’église du monastère et devient vite un lieu de pèlerinage. Il est canonisé moins de 30 ans plus tard.
L’héritage de saint Colomban à Luxeuil
Malgré le départ de Colomban, l’abbaye qu’il a fondée à Luxeuil continue de se développer. Elle devient l’une des plus influentes d’Occident et rayonne plus particulièrement grâce à son scriptorium, où les moines copistes déploient leur maîtrise de l’écriture et de l’enluminure.
En 1924, l’arrivée des reliques de Colomban dans la basilique Saint-Pierre-et-Saint-Paul marque un renouveau des fêtes colombaniennes de Luxeuil. Celles du 1400ème anniversaire de la naissance du saint en 1950 attirent ainsi 20 000 fidèles. Cette fête est l’occasion d’inaugurer la statue de saint Colomban réalisée par Claude Grange sous la présidence de Monseigneur Roncalli, nonce apostolique à Paris, et de Robert Schuman alors ministre des Affaires étrangères en France. Au cours des festivités se déroulent à huis-clos les discussions des représentants de huis pays européens réunis autour de Schuman. Ces réunions sont aujourd’hui connues sous le nom de Secret de Luxeuil.
Moine et prophète, solitaire ou prédicateur, Colomban a profondément marqué l’histoire de Luxeuil-les-Bains mais également de l’Europe. Considéré comme l’un des pères de l’Europe, il est à l’origine de la fondation de cinq abbayes et a influencé la construction de nombreux autres monastères répartis dans toute l’Europe.
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